BLAST, Manu Larcenet, Dargaud, 2009-2014

Publié le par Fon10

BLAST, Manu Larcenet, Dargaud, 2009-2014

Tome 1 - GRASSE CARCASSE

Cellule de garde à vue. L'homme détenu (obèse) voit un Moaï, une statue de l'île de Pâques. Deux policiers. Ils ont de quoi le déférer à l'issue de la garde à vue. Leur chef parle d'une certaine Carole Oudinot, plongée dans un coma artificiel. il demande aux deux policiers de faire parler le suspect, en le ménageant (lourd - sic ! - dossier médical). Le détenu est Polza Mancini, 38 ans, SDF, ancien écrivain. Son prénom est d'origine russe (POmni Leninskie ZAvety = Souviens-toi des préceptes de Lénine). Père communiste italien. Un frère, Trolenzin.

Hôpital. Oncologie. N'a pas vu son père depuis 4 ou 5 ans (des contacts téléphoniques uniquement). Père mourant. Le noir et blanc du dessin ajoute à sa puissance. Il diffuse une atmosphère lourde, chargée d'émotions, positives et négatives. Contraste entre le père décharné et le fils obèse. Le père est représenté avec un bec ! La mère les a quitté 4 ans après sa naissance. Le père était routier et les emmenait souvent avec lui. "Il parlait peu... tout occupé qu'il était à survivre." A leur majorité, son frère et lui déménagent. "Il faut parfois fuir ceux qu'on aime". Il se marie avec Sylvie, la 1ère femme à avoir accepté de coucher avec lui. Son frère meurt l'année suivante dans un accident de voiture (la suite nous apprends que c'est Polza qui conduisait et qu'il était ivre). Il continue quelques temps à voir son père le dimanche puis plus du tout. Hôpital : "Et s'il se réveillait ? Aurais-je autre chose à lui offrir que les ignobles banalités qu'on inflige aux mourants ? Comme si c'était pas déjà suffisant de crever, il faut encore se cogner les angoisses de ceux que les métastases laissent provisoirement de côté."

Retour au poste de police. "C'est un peu plus tard, le même jour et pour la première fois de ma vie, que j'ai été exposé au Blast." (...) "Un craquement d'abord, dans ma tête exactement le même son insupportable d'un os qui se casse. Puis c'était comme si un trou s'était ouvert au sommet de mon crâne. J'étais aspiré au dehors. (...) Je voyais le monde tel qu'il était et non tel que je le pensais. (...) J'ai entrevu un monde illimité et débarassé de toute morale et c'était magnifique." La couleur fait son apparition, sous la forme de dessins d'enfant pour illustrer le blast. Il a passé la nuit dehors. Voit de nouveau un moaï. Mort de son père. Pas le courage de venir récupérer les cendres.

Poste de police : "Vous cherchez à simplifier mon histoire en une suite logique qui vous mènerait à Carole (...) Mon histoire n'est pas mathématique ! Elle se résume tout entière à la collision entre le hasard et mes... obsessions". Rentre chez lui, prend ses affaires et s'en va, sans laisser d'explication à sa femme. "J'ai réalisé que, mon père mort, je ne pouvais plus le décevoir... J'étais libre... Au fond, je voulais revivre le blast... Retrouver cette sensation inégalable... Parce que j'ai réellement commencé à vivre à ce moment-là... J'ai enfin trouvé une alternative à la norme." Le chef de la police nous apprend que Mancini a connu 7 internements en hôpital psychiatriques au cours des 6 dernières années. " Automutilations, comportement asocial, altération du jugement, état délirant, hallucinations... Et puis surtout une dizaine d'arrestations... Voie de fait, ébriété, outrage, stups, vol simple... il va forcément dire des choses importantes... Elles seront cachées sous un fatras irrationnel, mais il va lâcher des noms, des dates, des lieux, des détails... Il va esquisser des vérités. Si tu sais faire le tri, alors on commencera à savoir qui il est".

Polza écrivait des livres sur la gastronomie. Il vide ses comptes bancaires et part un 19 juin. Il parle de cette difformité avec laquelle il vit depuis son plus jeune âge. Achète plusieurs bouteilles de gin. Prend un train au hasard. " En 1967, lors de ses adieux à la scène, un journaliste visiblement intrigué par sa décision, demanda à Jacques Brel ce qu'il fuyait... 'Quand quelqu'un bouge, les immobiles disent qu'il fuit'. Polza se retrouve en pleine campagne. 1ère nuit en forêt. "Le silence comme la solitude sont des inventions poétiques. Il suffit d'une nuit allongé sur le sol de la forêt pour s'en convaincre !" Plusieurs jours loin des villages et des routes. Retourne à la civilisation acheter à boire. Rencontre un curieux individu dont il ne comprend pas la langue. Ce dernier l'introduit dans la "République mange misère", une communauté qui vit dans la forêt. Un français lui dit que l'individu en question est Bojan, un serbe, et qu'il l'observe depuis plusieurs jours. "De toute façon, on s'en fout un peu des langues... Être un 'mange misère', c'est pas une nationalité, c'est une condition." Polza est invité à rejoindre la République. Il refuse assez sèchement.

Poste de police : revient sur sa difformité. Le ton qu'il adopte est définitivement très sombre, très loin de l'univers du Combat ordinaire de Larcenet. Le dessin est oppressant.

Il revoit Bojan et boivent ensemble. Se réveille seul, le nez en sang, crachant et vomissant. Second blast, toujours en couleur. Moaï de nouveau. "J'étais de nouveau suspendu, cloué dans l'instant, léger comme de la vapeur... J'étais parfait, géant subtil moi aussi. Débarrassé de ma grasse carcasse, sans mémoire à traîner derrière, sans histoire. Le grand soir. le vrai." Référence à son histoire familiale communiste ? Se réveille, de nouveau en sang et titubant. "Je n'avais pas la moindre idée de l'endroit où je me trouvais... Quand, comme moi, on ne conçoit de boire que de façon démesurée, c'est là un effet secondaire tout à fait normal. J'étais aussi couvert de bleus et de coupures." Il suit la rivière et retrouve son camp. Repars à la recherche de soins. Il s'évanouit dans un village. Se réveille à l'hôpital. Il souffre d'insuffisance hépatique. Il doit arrêter de boire pour éviter une cirrhose. Admis en hôpital psychiatrique ; s'enfuit de nuit.

"Il est un mystère dans la nature... Quelque chose qu'on ne peut forcer, qui est révélé si on sait attendre, immobile, et qui ne peut se partager. Ici, les plus belles choses comme les pires n'existent que si l'on y prête attention. (...) L'alcool, au même titre que n'importe quel produit qui modifie la perception, est un formidable outil d'expérimentation intellectuelle. Hypocrite époque qui exalte les modifications corporelles douloureuses... Mais dès qu'on exprime le désir de se modifier l'esprit, surtout au travers d'une délicieuse ivresse, on devient un méprisable déséquilibré." Le policier revient aux faits. "... de mon point de vue, t'es juste un ivrogne qui se donne des excuses de poète !" "Je suis un ivrogne, j'ai tué mon frère et c'était un accident... Vous auriez sûrement trouvé plus conforme à l'usage dominant que je vous le raconte la larme à l’œil et la culpabilité en bandoulière. La vérité est plus difficile à dire qu'à entendre."

Les dessins d'enfants sont de Lilie et Lenni nous apprend la fin de ce tome 1.

Tome 2 - L'apocalypse selon St Jacky

Le chef de la police informe les deux policiers du décès de Carole et leur demande de ne rien dire à Polza. "L'ivresse n'est pas un asservissement, c'est une libération. C'est le seul moyen de se connaître sans se faire peur. Mais comme toutes les disciplines, si on veut dépasser l'amateurisme, ça demande du courage, du travail et de la ténacité. Vivre soûl, ça se mérite." "Toujours seul, toujours ivre! J'ai aimé cette vie, tellement plus exaltante que la précédente. Je devinais cependant que mon voyage serait bien plus... Que cette ivresse-là n'était qu'un prélude... La promesse de voluptés autrement plus essentielles. Aujourd'hui un chenal, demain la haute mer... le large... Ce fut sans doute le plus bel été de ma vie. Un été à la Pagnol, éclatant, chaud et intense. Débarrassé de la proximité superflue de mes semblables, je devins ce qui m'entourait... J'aimais la modestie de ma nouvelle condition. Elle contrastait avec la démesure de mon corps."

Pense à son père. "Comme je l'avais espéré, j'ai vécu plusieurs blasts, cet été-là mais ils étaient... décevants L'ampleur et l'intensité des deux premiers avaient disparu."

"L'expérience de la liberté est difficile et dangereuse. Elle impose de s'oublier et de s'affranchir de la société des hommes. (...) Cet été-là, je suis devenu une bête, ni plus ni moins. Ailleurs, on m'aurait enfermé pour ça. La forêt m'a protégé."

Il est battu par des rôdeurs qui brûlent son campement. "Mon été à la Pagnol se termina à la Zola." Craint d'être envoyé à l'hôpital s'il est vu. Vole ici et là de quoi manger dans des villages. "Dans mon insondable méconnaissance de la nature, je ne pouvais imaginer l'agonie qu'inflige le froid. (...) Le froid, çà change l'homme dépouillé en fantôme." Dort encore quelques jours dehors puis s'installe dans une petite ferme déserte et isolée. Rêve érotique. C'est Carole (qu'il n'a pas encore rencontré) qui prend les traits de la femme.

Ramené en cellule après avoir été frappé par l'un des policiers qui ne supporte plus ses "salades mystiques". Il est établi qu'il a fracturé des dizaines de maisons. Les policiers lui montrent une photo : Jacky Jourdain.

"Dans presque toutes les maisons que j'ai habitées sans y être invité, j'ai pu vérifier l'omniprésence de ces médicaments du mal-être. C'est étrange qu'ils soient l'apanage des sociétés dont la priorité n'est plus la survie. A croire que l'angoisse naît du confort."

Il se fait agresser par Jacky en reprenant la route. "Tu peux demander à n'importe qui dans le quartier : on n'entre pas chez Saint Jacky sans invitation." Celui-ci l'héberge.

"Le désespoir, c'est comme la prison, la mine ou l'usine. ça vous lâche jamais. (...) Alors je mens. Je dis que je ne me souviens de rien." 5 jours et 4 nuits dans le coma, "soigné" par Jacky. Celui-ci est un dealer. Il achète des livres avec ses profits. Ils hibernent dans le souterrain de Jacky, au chaud. Polza prend de l'héroïne. Blast exceptionnel.

"Je poursuis un rêve, je veux l'impossible. Les autres peintres peignent un pont, une maison, un bateau et ils ont fini... Je veux peindre l'air dans lequel se trouvent le pont, la maison, le bateau." Claude Monet.

Ils (surtout Jacky) sont agressés dans leur souterrain par trois individus masqués. Jacky livre la cachette de son stock et l'argent. Polza veut reprendre la route à la fin de l'hiver. prend le livre "Les mystères de Rapa Nui" dans la bibliothèque de Jacky. Il vole des outils aux alentours, se fait surprendre et frappe le propriétaire. Jacky et lui se rendent à un concert de rock pour dealer. Jacky tue cette nuit-là une punk venue lui acheter de la drogue sous un pont (contre un paiement en nature) alors qu'il est défoncé. Il avoue à Polza que ce n'est pas sa 1ère victime. Nouveau blast sous héroïne. Les policiers font des vérifications concernant les dires de Polza sur Jourdain. Fin du T2 avec une dédicace à Mano Solo (1963-2010) et Yvan Boul.

Extraits d'interviews de Manu Larcenet : "c’est mon cousin et c’est lui qui m’a appris à dessiner, il m’a montré que le dessin était une manière de passer le temps mais pas juste du coloriage une réelle manière de s’exprimer. Son décès m’a fait un vrai coup…
Quant à Mano Solo, c’est la première personne, hormis des proches pour qui j’ai pleuré quand j’ai appris sa mort.
J’ai chialé comme un môme."
"J’ai découvert très tôt que je m’embêtais étant enfant et je n’aimais pas beaucoup la compagnie de mes contemporains. Je ne savais pas trop quoi faire. Un jour, mon cousin Yvan qui n’habitait pas très loin d’ici d’ailleurs, m’a montré des dessins. Il était dans une école d’art et en plus, il aimait bien la bande dessinée. Et soudain, ça m’a paru être un passe temps formidable et depuis ce jour là, je devais avoir une dizaine d’années, je dessine tous les jours."

4e de couverture : "Je mens toujours. (...) Je mens pour un peu de repos, d'indulgence, pour le pardon de ma dissemblance. Je mens aussi pour ne pas vous massacrer à mon tour.

Je mens toujours car, en réalité, je me souviens de tout."

Cet extrait prend tout son sens à la lecture de l’œuvre intégrale.

Tome 3 - La tête la première

Les policiers le pressent de livrer des informations concernant Carole Oudinot. Reprise du récit de son périple. "Au vu de mes récentes mésaventures, je décidai de rester mobile. (...) Ne jamais passer plus de deux nuits au même endroit. Prendre tout ce qui peut servir immédiatement : argent, médicaments, outils, vêtements... Ne jamais allumer la lumière ni dormir à l'étage. Ne jamais défaire mon sac." Prend de l'héroïne que Jacky lui a laissé en échange de son aide pour le trafic sous le pont. Entend parler d'un suicide dans une ferme. S'y installe. Trouve un atelier de peintre. Il prend une toile ("Cette petite toile était l’œuvre d'un homme en paix") et un revolver. Brule la ferme mais pas les toiles. "Pourquoi avoir cramé cette maison-là ? - C'est à cause de la corde...Je ne pouvais accepter l'idée qu'un jour ou l'autre, quelqu'un allait venir la décrocher. C'eût été obscène. Mon frère est mort vite, à l'improviste, brisé comme du verre... Mon père, au contraire, a eu tout le loisir d'expérimenter la douleur de ceux dont le corps se putréfie lentement... Pour ma part, même s'il m'était difficile de l'admettre, je menais la vie de ceux qui choisissent obstinément de mourir, mais qui espèrent que le monde se chargera de la besogne." Il se mutile de nouveau. "Je suis l'anomalie." Hospitalisé. il hait l'infirmière, Sylvie, pourtant sympathique. "Elle avait cette bonhomie exaspérante de ceux qui pensent, par tradition familiale ou faiblesse d'esprit, que la vie est simple pour peu qu'on sache la prendre du bon côté." Il nous apprend qu'après l'accident qui a coûté la vie à son frère, il a été interné 21 mois. Son père l'avait accueilli à sa sortie. Planches en couleur. "Il m'a emmené dans un bistrot où nous avons pris un calva. Nous avons bu côte à côte, debout au comptoir, sans un mot. C'est ce jour-là, penché sur le zinc sale, parfumé d'anis et de tabac, que j'ai compris que malgré toute la bonne volonté qu'il ne manquerait pas d'y mettre, il ne me pardonnerait jamais." Il vit pourtant avec son père quelques années, sans jamais évoquer la mère ou le frère décédé. Il explique qu'après sa mutilation, au début de l'été, il est resté des jours entiers sans parler à quiconque. Le Dr Schneider fait de l'art-thérapie, en groupe. Entretien individuel. Un autre patient possède le même livre sur Rapa Nui. Polza explique qu'il lui arrive de voir des Moaïs, qu'il a l'impression d'être l'un d'eux. Le procureur ne retient aucune charge contre Polza mais le Dr ne veut pas le laisser sortir. Le patient qui possède le livre sur Rapa Nui ne veut pas sortir. Il évoque avec Polza un projet de magazine pornographique. Il regrette que les poils pubiens aient disparu. "J'ai rassemblé mes économies, vendu ma maison et zou ! Je me suis lancé... J'ai demandé aux plus belles femmes du village de poser pour moi... C'est là que ma fille m'a emmené ici. Elle vient me voir le mercredi." Polza agresse Sylvie et s'évade. "A partir de là, je savais que la police avait mon nom... j'étais paniqué mais j'étais dehors !" Il s'est caché dans un fossé près de l'hôpital.quelques jours.. Cambriole une nouvelle maison vide (vêtements, nourriture, alcool) et repart en forêt. Fait une crise de manque terrible à cause de l'arrêt brutal du traitement. Nouvelles idées suicidaires. Traverse une autoroute de nuit et parvient miraculeusement indemne de l'autre côté. "Mes pulsions morbides se mirent naturellement en sommeil, comme pour me laisser profiter de l'été." Se fait voler ses habits par un gamin pendant qu'il se baigne dans une rivière. Le gamin appelle la police. Il parvient à s'enfuir.

"Durant cette période, mon père me manqua plus qu'à l'accoutumée. Je suis sûr qu'il aurait aimé le vent, les pierres, les ruisseaux, la lumière, les changements subtils d'odeur juste avant l'orage. La manière dont, chaque soir, les couleurs flamboient, se répondent puis explosent avant de décliner et de disparaître complètement. Simplement, j'eusse aimé qu'il ne fut pas mort."

La relation au père est déjà évoquée avec beaucoup de talent dans Le combat ordinaire.

Il voit un moaï sculpté dans un arbre. "Qui avait bien pu sculpter ce tronc ? Quand ? Pourquoi ? Par nature ennemi des coïncidences, je ne pouvais croire que cet arbre se trouvait sur mon chemin, à ce moment précis, par pur hasard." Polza s'installe dans cette forêt et dénombre une trentaine de sculptures.

Il achève un chat agonisant au bord d'une route et l'envoie en colis au Dr Schneider, la tête dans une peluche Hello Kitty.

Deux marginaux débarquent à son campement. Il est méfiant mais les accueille. Se présentent, Vladimir et Illitch ! Après un moment ensemble, il les raccompagne à la route, leur offre une bouteille mais préfère rester seul.

"Tu sais pourquoi les flics se baladaient par trois en URSS ? Parce que le premier savait lire, le second savait écrire et le troisième surveillait ces deux dangereux intellectuels!"

Les deux hommes reviennent l'agresser dans son sommeil. L'obligent à une fellation et le violent.

Le lendemain, il est pris en charge au bord d'une route par un homme et sa fille : il s'agit du vieux de l'hôpital, Roland, et de sa fille Carole. Un de leurs amis, un médecin à la retraite (Ferdinand) le soigne tant bien que mal.

Nous apprenons que Roland est schizophrène.

"L'été était passé et je n'en avais pas profité. Parfois, cette nuit-là me revenait, pour une odeur, un son... A chaque fois, c'était un coup de plus. Je bouillais d'une colère étouffante dont je ne savais que faire."

Concernant Carole : "Il ne me fallut pas bien longtemps pour l'aimer. Elle était taiseuse et taquine. D'évidence quelque chose d'endommagé en elle . De la douleur... De la rage... Quelque chose qui me la rendait irrésistible." Une nuit, Carole se glisse dans sa chambre et ils font l'amour. Sur la propriété, Polza trouve un moaï sculpté dans un arbre, comme ceux de la forêt (faits par Roland, du temps où il était jeune menuisier - 100 en tout).

"J'étais bien, chez Carole et Roland... D'autant plus que l'automne, encore jeune, laissait encore échapper quelques splendides journées. (...) Je savourais cette petite saison "entre deux" comme un enfant une friandise. Les couleurs flamboyaient, vibrantes sous la lumière jaunie. Van Gogh était partout ! Surprise de cette chaleur inattendue, la campagne devenait silencieuse... en attente. (...) Même s'il m'était évident que cela ne durerait pas, la noirceur qui m'accablait depuis l'hôpital tomba d'un coup ! J'étais léger. J'avais ma place."

Roland fait de violentes crises.

Un policier apprend à Polza que le corps de Roland a été découvert dans une carrière et que personne n'avait signalé sa disparition. Son ADN a été retrouvé sur les lieux (sur une de ces barres chocolatées Funky qu'il aime tant). Polza avoue avoir brûlé le corps mais dit que c'est Carole qui l'a tué.

Tome 4 - Pourvu que les bouddhistes se trompent

C'est pourtant le revolver de Polza qui est l'arme du crime, celle qu'il a dérobé au facteur suicidé. Il dit avoir donné le colt à Carole.

"C'était l'hiver en plein. Et pas celui des publicités de Noël ! L'authentique, celui qui crevasse la peau et dont le vent sec vous tire d'étonnantes larmes des yeux asséchés. Je n'aime pas cette saison. La lumière jadis éclatante fait place à une pâle lueur, diffuse, qui affadit le monde. L'hiver est le temps des morts."

J'aime beaucoup toutes les descriptions proposées par Manu Larcenet, en particulier celles des saisons et des "couleurs", ce qui est un paradoxe pour une œuvre essentiellement en noir et blanc. C'est pour cette raison que j'ai relevé autant de citations.

Roland demande à Polza s'il couche avec Carole. Polza vit avec des douleurs permanentes depuis son agression.

Carole travaille dans un supermarché, à 70km de la ferme. Polza passe donc l'essentiel de son temps avec Roland. Celui disparaît quelques heures. Polza le retrouve au village en train de mater une femme nue. Roland lui offre un petit moaï sculpté dans du bois.

P 35 : une planche en couleur, dans un style très différent : Jasper, l'ours bipolaire (en compagnie d'un oiseau psychiatre).

"Ce sont souvent les hommes les plus répugnants qui vous feront grief de votre vulgarité. Votre cigarette déclenchera une colère démesurée chez l'ancien fumeur. Les plus infects menteurs font les donneurs de leçon les plus vindicatifs. De la même manière, ce sont ceux qui sont le moins aptes à l'amour qui aiment le plus intensément."

Les gendarmes débarquent. Carole cache Polza. C'est lui que les gendarmes recherchent, pour un meurtre et son évasion. Roland veut le garder avec eux au moins jusqu'au printemps.

Roland a arrêté de prendre ses médicaments.

Nouveau blast où il revoit des personnages qui ont émaillé le récit après un mélange alcool/médicaments avec Roland. Carole lui en veut.

Carole nous apprend que son père a été poursuivi pour 11 agressions sexuelles et 3 viols en 15 ans (6 ans de prison, la schizophrénie ayant été retenue comme circonstance atténuante). Conditionnelle au bout de 4 ans avec obligation de soin. Quand il arrête son traitement, elle le fait interner. Elle dit haïr son père.

Crises aiguës de Roland. Après être parti s'aérer, Polza découvre à son retour que Roland a frappé Carole. Il tabasse Roland et l'attache. Il propose à Carole de s'enfuir avec lui.

Manu Larcenet, né en 1969

Manu Larcenet, né en 1969

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