GERMINAL (1885) – Emile Zola (2/04/1840-29/09/1902)

Publié le par Fon10

Livre de poche n°145, Classiques, sous la direction de C. Becker

13e des 20 romans de la série des Rougon-Macquart (1871-1893). L'histoire se déroule de 1866 à avril 1867.

1ère Partie – Consacrée à la présentation des personnages, du « décor ».

  1. Incipit : "Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d'une obscurité et d'une épaisseur d'encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes (note - à 18km de Douai) à Montsou, dix kilomètres de pavé coupant tout droit, à travers les champs de betteraves. Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n'avait la sensation de l'immense horizon plat que par les souffles du vent de mars, des rafales larges comme sur une mer, glacées d'avoir balayé des lieues de marais et de terres nues. Aucune ombre d'arbre ne tachait le ciel, le pavé se déroulait avec la rectitude d'une jetée, au milieu de l'embrun aveuglant des ténèbres."
  2. Hiver. Arrivée d’Etienne Lantier à Montsou dans le Nord de la France. Rencontre « Bonnemort » (le père de Maheu). Présentation de M. Hennebeau, directeur de la mine.
  3. Le « Coron » (village des mineurs) des 240, près de la fosse du Voreux. Au n°16, réveil chez les Maheu, à 4h. Zacharie (21 ans), Catherine (15 ans), Jeanlin (11 ans), Alzire, bossue (9 ans), Lénore (6 ans), Henri (4 ans), Estelle (3 mois). Le père, 42 ans. Voisins, les Levaque, dont le fils de 12 ans (Bébert) est un ami de Jeanlin. Ils ont chez eux un logeur, Bouteloup. Les Pierron : une fille, Lydie, qui travaille à la mine, amie de Jeanlin et Bébert. Les Maheu partent pour la mine, sauf la mère et les 4 plus jeunes.
  4. Mouquette, fille facile. Etienne embauché dans l’équipe de de Maheu, avec le père de Catherine, Chaval et Zacharie.
  5. Travail à la mine. Au déjeuner, Lantier expliquequ’il a été viré pour avoir giflé un chefet parle de sa mère, à Paris (fils de Gervaise Macquart et Auguste Lantier de l’Assomoir).
  6. Négrel, ingénieur de la fosse et neveu de M. Hennebeau et Dansaert, maître-porion (sorte de super contremaître dont on apprend qu’il a une liaison avec la Pierronne) font une inspection. Il critique le boisage des galeries, menace d’amende, de payer le boisage à part et de réduire le prix de la berline de houille.
  7. Chaval en colère contre Étienne car on leur a refusé deux berlines (- 20 sous). Au cabaret L’Avantage, Rasseneur accepte de loger Etienne.

2ème Partie

  1. A la Piolaine, la demeure des Grégoire. Lever à 8h du matin (d’habitude plutôt 9h). Mélanie, cuisinière, qui prépare une brioche pour leur fille, Cécile. Honorine, femme de chambre. Un cocher, Francis, un jardinier, et une jardinière. M Grégoire (60 ans). Leur fortune vient de la mine. Visite de M. Deneulin, affairiste dans les mines et cousin de Grégoire.

Le contraste est particulièrement saisissant dans ces descriptions successives et diamétralement opposées de deux matinées ordinaires pour ces familles.

2. Les Maheu arrivent chez les Grégoire (la mère avec Lénore et Henri), après le refus de Maigrat (boutiquier) de lui avancer des provisions. Cécile leur donne des vêtements et de la brioche mais les Grégoire refusent de donner de l’argent.

3. La Maheude repart chez Maigrat et finit par obtenir des provisions. Il lui demande de lui envoyer Catherine pour les récupérer. La Maheude discute avec la Levaque (qui semble infidèle) du mariage de Zacharie et Philomène (fille des Levaque qui a déjà deux enfants de lui). Mme Hennebeau fait visiter le coron à des amis venus de Paris.

4. Fin de journée chez les Maheu. Les trois plus âgés sortent.

5. La Brûlé est la belle-mère de Pierron et veuve. Jeanlin est un petit meneur et fricote avec Lydie. Une note en bas de page critique la vision peu pudique des relations sexuelles des mineurs. Vieille amitié Mouque/Bonnemort. Étienne assiste au dépucelage de Catherine par Chaval et il est jaloux. "Que de misère ! et toutes ces filles, éreintées de fatigue, qui étaient encore assez bêtes, le soir, pour fabriquer des petits, de la chair à travail et à souffrance ! Jamais çà ne finirait, si elles s'emplissaient toujours de meurt-de-faim. Est-ce qu'elle n'auraient pas dû plutôt se boucher le ventre, serrer les cuisses, ainsi qu'à l'approche du malheur." (pensées d’Étienne).

3ème partie

1. Plusieurs mois s'écoulent. Rencontre avec Souvarine, 30 ans environ, qui loge avec Étienne chez Rasseneur. Il est machineur. Issu d'une famille noble russe, socialiste, renié, exilé. A Montsous depuis un an. Étienne entretient une correspondance avec Pluchart, de Lille et évoque l'Internationale de 1864/65. Pluchart est secrétaire de la Fédération du Nord qui regroupe plusieurs sections.

Souvarine est même anarchiste. Juillet : Etienne passe de herscheur à haveur. La veine où ils travaillaient s'étant effondrée, la Compagnie mettait aux enchères de nouvelles veines pour faire baisser les prix des berlines.

2. Dimanche au coron. Viande servie. l'après-midi, les jeunes sortent et les hommes se retrouvent à l'estaminet. Etienne veut quitter la pension pour loger chez quelqu'un. C'est un jour de fête (ducasse, en général le jour du saint patron/kermesse). Etienne veut créer une caisse de prévoyance. Maheu d'accord, Chaval aussi, Pierron effrayé par l'idée d'une grève.Les Maheu acceptent de marier leur fils puis proposent à Etienne de le prendre comme logeur.

3. Etienne chez les Maheu. Zacharie, Philomène et les deux enfants ont leur propre foyer. Gêne de la cohabitation avec Catherine d'abord. Etienne lit beaucoup, entretient sa correspondance, prêche ses idées aux Maheu. Comparaison ici de Zola entre socialisme et christianisme primitif. Etienne devient le "chef" du Coron (un peu d'orgueil) et ouvre sa caisse de prévoyance en septembre.

4. Fin octobre. Crise industrielle. La Compagnie multiplie les jours de chômage technique. Le vieux Bonnemort ne travaille plus. La Cie veut peut-être tuer le syndicalisme naissant en provoquant un conflit. La Cie annonce que le boisage et la berline seront payés à part avec des prix en baisse à compter du 1er décembre. Faible paye. Entretien à la Toussaint Maheu/Secrétaire général qui lui déconseille de se mêler de politique et parle de la retraite du père. La grève est décidée.

5. Le travail continue dans un premier temps. Catherine a découché et n'a pu travailler et Jeanlin a mangé deux jours de travail. Eboulement à la mine début novembre. Description de l'accident, dont Bébert, qui conduisait le convoi a été témoin (pressentiment du vieux cheval de la mine, Bataille). Un haveur dit Chicot décédé. Jeanlin est gravement blessé aux jambes. Catherine s'installe avec Chaval, qui change de puis avec elle pour aller à Jeanbart, appartenant à M. Deneulin.

4ème partie

1. Après la première paye de décembre, un lundi, la grève éclate brusquement, à 4h. La plupart des fosses en grève plus ou moins partielle, à part Saint Thomas. Mme Hennebeau maintient son déjeuner avec les Grégoire. Parcours de M. Hennebeau, issu d'un milieu plutôt modeste et ayant épousé la fille d'un riche filateur d'Arras alors qu'il était ingénieur divisionnaire. Il vient des Ardennes. Il gagne 40 000 Francs. Mme Hennebeau a une liaison avec le neveu de son mari, Négrel. M. Deneulin arrive et dit qu'il n'y a pas de grève chez lui mais qu'il craint la propagation. Hennebeau craint que la régie parisienne ne lui fasse porter la responsabilité de la grève. Nous sommes sous le Second Empire. Hennebeau pense que si la grève atteint Vandame (propriété de Deneulin) celui-ci sera affaibli et pourra être racheté à bas prix. Une délégation d'ouvriers arrive.

2. Etienne demande à Maheu de prendre la parole (ouvrier exemplaire et historique). Demandent le retour à l'ancien système et même 5 centimes de plus par berline (passé de 50 à 40). Hennebeau dit qu'il transmettra à la Régie. "Est-ce honnête, à chaque crise, de laisser mourir de faim les travailleurs pour sauver les dividendes des actionnaires ?" (E. Lantier). Cette citation montre à mon sens la modernité du roman.

Une note nous apprend que le directeur général de la Compagnie d'Anzin percevait en 1880, un traitement de 30 000 F/an. C'est 40x le salaire moyen d'un mineur. Ce passage du roman est aussi intéressant parce qu'il évoque le fait que les propriétaires de la mine, ceux qui décident, sont loins, inconnus, invisibles.

3. 15 jours de grève. L'argent de la caisse commune commence à manquer, ainsi que le charbon. La grève est à ce moment-là quasi générale dans le bassin. Etienne se déclare républicain. Catherine vient apporter du café et du sucre mais sa mère lui en veut de s'être mise en ménage à 16 ans. Irruption violente de Chaval. Pensées nihilistes de Lantier. Il prévient Rasseneur qu'il va faire venir Pluchart pour que les mineurs de Montsou adhèrent à l'Internationale. Il s'agit d'un passage très intéressant sur le socialisme (Marx, Pierre-Joseph Proudhon, Ferdinand Lassalle).

Souvarine : "Oh ! du sang, murmura-t-il, qu'est-ce que ça fait ? La terre en a besoin."

4. Les estaminets se vident aussi. Rasseneur a aussi envoyé une lettre à Pluchart pour lui dire de ne pas venir. Opposition Rasseneur le modéré/Etienne le déterminé. Il parle désormais de collectivisme et de s'emparer du gouvernement. Rasseneur accuse Etienne d'être ambitieux. Arrivée de Pluchart, syndicaliste beau parleur. Réunion avec une centaine d'ouvriers, présidée par Pluchart, avec Etienne et Maheu à ses côtés. Rasseneur conteste la continuation de la grève : accueil peu enthousiaste. Pluchart présente l'Internationale : organisation en communes/provinces/nations/humanité. Abolition du salariat. Celui qui ne travaille pas ne récolte pas. Les gendarmes arrivent car ces réunions sont interdites avant le 6 juin 1868. Vote dans la confusion de l'adhésion à l'Internationale.

5. 15j ont passé. Début janvier. L'Internationale a envoyé 4 000 F, soit 3j de pain. Etienne couche avec la Mouquette. Le coron souffre terriblement de la faim. Mais la Cie aussi perd de l'argent. Surtout, les puits se dégradent, faute d'entretien. Nouvelle rencontre avec Hennebeau qui propose 2 centimes de plus pour le boisage. Les mineurs maintiennent leurs revendications. Une vingtaine de femmes se rendent chez Maigrat. Refus net. Les villageois vendent leurs meubles. Jeanlin, resté boiteux, découche. Misère extrême. La Maheude va chez les Pierron. Odeurs de nourriture. Etienne revient de chez la Mouquette (facile mais amoureuse de lui), qui lui a donné des pommes de terre. la Cie envisagerait de rendre leur livret aux mineurs compromis. Des mineurs seraient prêts à redescendre. Réunion prévue dans la forêt pour le lendemain soir.

6. Jeanlin, délinquant, vole avec Bébert et Lydie. Passage sur l'ancien puis du Réquillart. Etienne y voit Jeanlin qui descend par un vieux goyot à + de 200 m. Jeanlin s'y est aménagé un abris où il profite de ses rapines. Etienne rompt avec la Mouquette. Partie de crosse le lendemain entre Zacharie, Mouquet et deux autres. Pendant ce temps, Jeanlin, Bébert et Lydie ont volé la lapine de Rasseneur.

7. Réunion dans la forêt. 3 000 personnes. Etienne : la mine aux mineurs. Il s'inspire des idées de Bakounine. Rasseneur ne parvient pas à se faire entendre. Décision d'aller à Jean-Bart (qui appartient à Deneulin) pour empêcher les mineurs de descendre.

5ème partie

1. Deneulin, propriétaire de sa fosse, réveillé à 4h par un porion qui lui dit que la 1/2 des hommes sont en grève et empêche l'autre 1/2 de descendre. Inquiétude de ses filles, Jeanne (19 ans) et Lucie (22). Mère décédée. Ils se sont appauvris même s'ils gardent un domestique. Train de vie nettement moindre que les Hennebeau ou les Grégoire. Chaval mène la grogne. Catherine, elle, voudrait descendre. Deneulin fait miroiter à Chaval un poste de porion. Le travail reprend, excepté 120 mineurs, vers 7h. Jeanne, Lucie et Cécile invitées par Mme Hennebeau, accompagnée par Négrel.

2. Travail de Catherine comme herscheuse, dans une veine où il fait très chaud (45-60°C) à 700m de profondeur. Elle s'évanouit. Chaval lui vient en aide. Nous apprenons que les ouvriers travaillent parfois nus. Reprise du travail. Un porion annonce que ceux de Montsou coupent les câbles. Panique au fond. Les ouvriers montent aux échelles (102 de 7m environ) - 25 minutes pour un homme solide. au bout d'une 1/2 heure ils sont à mi-parcours seulement.

3. 300 ouvriers sur les 3 000 de la veille se retrouvent à Jean-Bart dans la mâtinée, puis 500. Deneulin refuse de faire remonter ses mineurs. Étienne et les Maheu débordés maintenant par la fureur et le nombre. Les traîtres sont insultés à leur sortie, en particulier Chaval. Puis 1 000 hommes quittent Jean-Bart pour d’autres fosses. Arrivent au Mirou face au vieux porion Quandieu. Il leur tient tête. Peu d’hommes au fond (72). Respect des ouvriers pour le porion, un gars du fond comme eux. Ils partent en direction de la Madeleine. En passant devant les corons de 180 et de 76, le flot grossit. 1 500 personnes arrivent à ce puits. Les porions ont évacué. Une vingtaine d’hommes sont secoués mais le puits n’est pas saccagé. Direction Crèvecoeur. Quelques dégâts et violences. Dégradation de la Victoire. 2 000 personnes à 15h, affamées. Retour à Gaston Marie, dévasté, pour détruire la pompe et engloutir Jean-Bart. Étienne défie Chaval mais Catherine intervient. Catherine et Chaval sont relâchés et partent.

5. Chez Hennebeau. Il apprend par Dansaert la réunion dans la forêt (infos de la Pierronne, maîtresse de Dansaert). Inquiétude après près de 2 mois de grève. Informé au fur et à mesure des événements. Cherchant un document dans la chambre de P. Négrel, il trouve un objet appartenant à sa femme dans son lit. Plus de doute possible, lui si malheureux de ce mariage raté, sans amour, jalousant même les galipettes des mineurs aperçus lors de ses promenades à cheval. Le couple fait chambre à part. "Une amertume affreuse lui empoissonnait la bouche, l'inutilité de tout, l'éternelle douleur de l'existence, la honte de lui-même, qui adorait et désirait toujours cette femme (...). Non, le seul bien était de ne pas être, et, si l'on était, d'être l'arbre, d'être la pierre, moins encore, le grain de sable, qui ne peut saigner sous le talon des passants." Il semble que Zola exprime ici ses propres angoisses, plus douloureuses en 1880 (mort d'amis comme Flaubert et de sa mère). A cette époque il découvre le pessimisme de Schopenhauer. Il s'agit de mettre au-dessus de l'éternelle injustice sociale l'éternelle douleur des passions.

La régie lui demande d'avertir les autorités (préfet à Lille, soldats ou dragons à Douai, gendarmes à Marchiennes). Les mineurs défilent vers Montsou, au chant de La Marseillaise et demandant du pain. Négrel et la peur du "Grand Soir". Ils arrivent chez Hennebeau.

6. Etienne inquiet de tous ces débordements. Femmes déchaînées, menées par la Brulé. Les Grégoire arrivent chez Hennebeau. La foule les laisse entrer. Maigrat s'est glissé chez Hennebeau pour demander protection mais celui-ci avoue son impuissance. Mme Hennebeau, Lucie, Jeanne et Négrel parviennent à entrer dans la maison, pris à partie par les mineurs. Cécile est restée dehors. Elle est attaquée mais Etienne essaye de détourner l'attention sur le magasin de Maigrat. M. Hennebeau et Négrel veulent l'aider mais c'est finalement Deneulin qui, arrivé à cheval, parvient à la mettre à l'abri avec les autres. Maigrat essaye de rentrer chez lui pour protéger avec sa femme leurs biens. Il est vu par la foule. Chute mortelle de Maigrat. Mutilation du cadavre. Catherine vient prévenir son père que Chaval est allé trouver les gendarmes. Ceux-ci arrivent. La foule se disperse.

6ème partie

1. Première quinzaine de février. Les machines sont désormais gardées par des troupes. La grève continue et s'est même étendue. La Cie envisage de faire venir des travailleurs de Belgique mais craint les réactions. Quelques arrestations, sans suites. Par contre, la Cie renvoie les livrets en masse (Maheu, Levaque et 34 camarades du coron 240). Etienne est en fuite, introuvable. Il a été dénoncé par Chaval. Le nouveau curé, Ranvier, qui remplace Joire, est plutôt du côté des mineurs. Etienne s'est réfugié dans l'abri de Jeanlin. Après une semaine, les gendarmes le croient en Belgique. Il est angoissé par le poids de sa responsabilité en cas de défaite contre le capital. La crise touche tout le Nord et tous les secteurs : sucrerie, verrerie, minoterie, etc. Les dégâts dans les galeries s'aggravent. La presse parisienne parle de cette crise et accuse l'Internationale. On parle de vendre Vandame à Montsou, qui sortirait quasi renforcé de la crise. "Étienne flaira cette compensation aux désastres, repris de découragement devant la puissance invincible des gros capitaux, si forts dans la bataille, qu'ils s'engraissaient de la défaite en mangeant les cadavres des petits tombés à leurs côtés." Étienne espère que l'armée (composée de gens du peuple) se retourne contre la bourgeoisie.

Les travaux d'Emile de Laveleye sur le socialisme ont beaucoup aidé Zola.

Étienne discute de nuit avec un soldat breton chargé de la garde au sommet du terri.

2. La neige a recouvert le pays. Querelles de voisinage Levaque/Maheu (commérages). Alzire malade. Chez les Pierron, ils trouvent Lydie dehors qui explique que son père n'est pas là et que sa mère est avec Dansaert. Pierron revient du lavoir. Ils ont du feu et de la nourriture. Bagarre. Les Maheu désormais dans le dénuement le plus complet. Visite du père Ranvier qui prêche pour une Église proche des pauvres. Etienne évoque l'idée de se rendre à la vue de la petite Alzire. La Maheude s'y oppose farouchement. Lénore et Henri rentrent les mains vides (partis mendier avec Jeanlin). Visite du Dr Vanderhaghen. Mort d'Alzire.

3. Étienne chez les Rasseneur avec Souvarine. Il dit que les Belges sont arrivés pour reprendre dès le lendemain, un lundi. Rasseneur rapporte que l'Internationale est en train d'être rongée par des luttes intestines. Une note ajoute que la scission entre anarchistes et socialistes eût lieu au Congrès de La Haye en 1872. La Ière Internationale est dissoute en 1876. Mme Rasseneur a des idées plus radicales que son mari. Souvarine rapporte alors un fait divers réel où ouvriers de Marseille ayant gagné à la loterie (1882) parlent de devenir rentiers. "Jamais vous ne serez dignes du bonheur, tant que vous aurez quelque chose à vous, et que votre haine des bourgeois viendra uniquement de votre besoin enragé d'être des bourgeois à leur place."

Depuis son enlèvement par Jeanlin, la lapine des Rasseneur, Pologne, n'a donné que des morts-nés. Ils la mangent. Tristesse de Souvarine qui affectionnait l'animal. Chaval arrive, ivre, avec Catherine. Bagarre avec Etienne. Ce dernier l'envoie au tapis mais Chaval sort un couteau. Etienne est averti par Catherine. Il parvient à s'emparer du couteau mais ne l'utilise pas. Chaval s'en va mais ne veut plus de Catherine.

4. Catherine et Etienne marchent. Elle rentre chez Chaval. Au retour, Etienne voit Jeanlin tuer le guetteur du terri (Jules) d'un coup de couteau. Ils se débarassent du corps dans la vieille fosse de Réquillart. Chaval a chassé Catherine de chez lui. Elle erre. La descente des Belges commence. Etienne et ceux du Coron marchent sur le Voreux, défendu par des soldats.

5. Les Belges ont passé la nuit au Voreux. 60 soldats. Face à eux 30 mineurs dont la Maheude. Ce nombre augmente. Le vieux Mouque fait remonter Trompette, cheval mort qui ne s'est pas fait à la vie au fond. Etienne essaye de convaincre le capitaine que la justice est du côté des mineurs, que les soldats sont issus du peuple eux-aussi. 400 personnes face aux baïonnettes. les soldats ont reçu l'ordre de n'utiliser leurs armes qu'en cas extrême. Le porion Richomme intervient. Inutile. Arrestation de Levaque et deux autres. Les camarades s'arment de briques. Avant même l'ordre du capitaine, les soldats font feu. Retraite. Mort de Lydie, de Bébert, de Maheu, de Mouquet, de Richomme, de la Brulé, de la Mouquette qui s'est jetée devant Catherine.

7ème partie

1. A Paris, la presse d'opposition s'est emparée de l'affaire : 25 blessés, 14 morts dont deux enfants et trois femmes. Le mercredi, la Compagnie a envoyé trois régisseurs, renvoie les troupes et les Borains. Promet une réouverture des fosses le lundi avec une amélioration à venir. Pierron et quelques "cafards" ont repris le travail. Méfiance du Coron des 240 devant les affiches de la Compagnie. La Maheude refuse que Catherine, revenue chez elle, reprenne le travail. Le vieux Bonnemort n'a pas touché sa pension (à cause de leurs idées, de leur rôle dans la grève probablement). La Maheude fait des reproches à Etienne. Tout le Coron semble s'être retourné contre lui. La Pierronne ne regrette la mort ni de sa mère ni de sa fille. Etienne croise près de l'Avantage Chaval et le vieux Mouque (qui lui jette des briques, lui reprochant la mort de ses deux enfants. Fiançailles de Négrel et Cécile. Les bourgeois célèbrent aussi leur "victoire". M. Hennebeau pourrait même recevoir la Légion d'honneur. Les Deneulin sont là aussi. Il a du vendre et se trouve désormais salarié de la Cie. Deneulin est le cousinn de M. Grégoire (rentier car il a gardé son investissement dans la Cie, qui lui a rapporté beaucoup de dividendes) alors que Deneulin a pris le risque d'acheter Vandame. Ce parallèle entre petites entreprises et le grand capital est développé dans Au bonheur des Dames, 11e roman des Rougon.

L'abbé Ranvier, qui e traitait les soldats d'assassins, doit être déplacé.

2. Promenade nocturne où Étienne rencontre Souvarine qui raconte la mort de sa compagne Annouchka. Ils préparaient avec d'autres nihilistes un attentat contre le tsar mais avaient fait dérailler un train de voyageurs. Elle avait été arrêtée et pendue avec d'autres. Zola évoque sans doute ici la tentative d'attentat contre le tsar Alexandre II par Louis Hartmann, nihiliste d'origine allemande avec la complicité de Sophie Perovskaïa le 19 novembre 1879 au nom de Narodnaïa Volia (« Volonté du Peuple » ou « Liberté du Peuple » - organisation anarchiste russe de la fin du XIXe siècle ou encore l'exécution d'une femme et de quatre complices pour l'assassinat du même Alexandre II le 13 mars 1881. Souvarine annonce qu'il quitte la région, ayant repris son livret de machineur (il n'avait jamais cessé le travail, traitant la grève comme tout le reste de "sottises" et part pour une destination inconnue). Ils se disent adieu. Souvarine descend vers minuit dans la fosse. On évoque ici le cuvelage, revêtements du puits à l'aide de pièces de bois ou de fonte permettant de capter la grande quantité d'eau dans le sous-sol. Le "Torrent" : gigantesque nappe souterraine du Nord, à - 300m. Souvarine sabote le cuvelage, à 180m au-dessus du fond. "Il la tuerait à la fin, cette bête mauvaise du Voreux, à la gueule toujours ouverte, qui avait englouti tant de chair humaine." Catherine se réveille pour aller à la mine. Etienne l'entend et décide après l'avoir serré contre lui d'y aller avec elle. "il la pressait éperdument, le cœur noyé d'une tristesse immense. Un besoin de paix, un invincible besoin d'être heureux l'envahissait ; et il se voyait marié, dans une petite maison propre, sans autre ambition que de vivre et de mourir là, tous les deux. Du pain les contenterait ; même s'il n'y en avait que pour un, le morceau serait pour elle. A quoi bon autre chose ? est-ce que la vie valait davantage ?"

Souvarine regarde défiler le grand nombre de "lâches" près de l'Avantage. Il y reconnaît Etienne. Il veut l'empêcher de descendre mais comprend que c'est pour Catherine qu'il redescend. Alors, comme un écho à la pendaison de son amie perdue, il les laisse partir. Ni ami, ni femme. ""Quand il y avait une femme dans le cœur d'un homme, l'homme était fini, il pouvait mourir

3. 322 sont descendus, environ 50% des effectifs. Eau abondante. Travail urgent : boisage des galeries par groupe de 10 hommes. Le cuvelage cède. Le goyot des échelles est déjà bouché. Bousculade frénétique pour la remonte. Une cage vite hors d'usage. 3 morts déjà, notamment à cause de la chute de pièces de bois. Dansaert et Pierron remontent alors que le groupe d’Étienne et Chaval arrivent. Ils sont 20 au fond (le vieux Mouque notamment). 10h : Dansaert raconte à Négrel l'accident. On lui reproche de ne pas être resté pour s'assurer qu'il ne restait personne au fond. Négrel descend. Bloqué sous le deuxième cuvelage par un amas de charpentes. Il s'aperçoit que le cuvelage a été saboté. M. Hennebeau arrive et constate que le puits est foutu. La foule accoure, réclame des noms. 5 mineurs ont pu remonter par Réquillart, désormais bouché aussi. 15h20 : secousses puis le hangar du criblage s'effondre, la salle de recette, la chambre de la machine, le beffroi. A 17h, tout entier, le Voreux, cette "bête mauvaise" 'coula dans l'abime'. Cratère de 15m sur 40. La façade de Rasseneur craque. Une berge du canal rompt et s'engouffre dans la mine. Un lac d'eau boueuse remplace le Voreux. Souvarine, qui a contemplé la scène, s'en va.

4. Hennebeau à Paris. La Cie lui demande d'étouffer l'affaire et de renvoyer un à un les plus dangereux. Dansaert viré. Le rapport de l'ingénieur du gouvernement conclut à une rupture naturelle. La Cie s'en sort avec un blâme. L'opération de secours est menée par Réquillart. Au bout de 3j, Zacharie perçoit un signal. Un porion estime à 50m la distance. 6m gagnés le 1er jour, 7m le second, puis 5 puis 3. Houille plus dure. Après 9j, 32m (12j pour les prisonniers. un coup de grisou emporte Zacharie, un porion et blesse 3 ouvriers. La Maheude reprend son attente devant le puits. 3j passent encore. Visite du sinistre par les Hennebeau et les Grégoire. Ces derniers veulent aller voir les Maheu au Coron, pris de pitié par la perte du fils, après celle du père, d'Alzire et autres malheurs. Les Maheu vivent au numéro 16 du deuxième corps. La Levaque leur dit que la Maheude est à Réquillart, qu'elle garde les enfants et que le grand père est seul. le vieux ne dit rien. Ils lui ont emmené des souliers. La Levaque veut les entraîner chez elle pour les apitoyer. Cécile reste en arrière car le visage du gd père lui semble familier. Elle reconnaît alors l'homme qui a tenté de l'étrangler lors de l'émeute. Les Grégoire s'aperçoivent de son absence et la retrouve morte étranglée.

5. Au fond. Les mineurs piégés décident de tenter la sortie par Réquillart. Le groupe se divise en 2 à un carrefour : Chaval prend à droite avec deux autres. Le reste suit le vieux Mouque. bientôt plus que 7 derrière Mouque dans ce dédale. Catherine est épuisée. Bientôt seule avec Etienne à essayer de gagner les niveaux supérieurs. Mort du cheval Bataille. Ils atteignent la 8e voie, la dernière. L'eau continue de monter. 24h se sont écoulées depuis l'accident. Ils retrouvent Chaval, dont les deux compagnons ont été ensevelis. L'attente commence. Chaval a des provisions. Au bout de deux jours, une bagarre éclate entre Chaval et Etienne, qui le tue d'un coup de schiste sur le crâne.

Zola prête ici à Etienne une prédisposition au meurtre ou à la violence, du fait de ses origines. C'est pour cette raison notamment que le personnage d'Etienne se méfie de l'alcool. Il est le fils de Gervaise Macquart et d'Auguste Lantier, son amant. Son père abandonne ses deux fils après avoir dilapidé les biens de Gervaise, qui sombre dans l'alcoolisme (voir L'assomoir).

Etienne rejette le corps dans le plan incliné de la mine. Il ne leur reste plus qu'une lampe. L'eau monte inexorablement : chevilles, genoux, taille. La lampe s'éteint. Se hissent sur un banc de pierre. C'est là qu'ils entendent des coups (3ème jour). Ils répondent à coups de sabots. 6 jours au fond. Le désespoir les gagne. L'eau ne monte plus (au niveau des genoux) mais elle est glacée. Mangent du bois vermoulu, une ceinture de cuir, sucent la toile de leurs vêtements. Le courant ramène le corps de Chaval, empoisonnant l'air et l'eau. L'eau redescend un peu, le cadavre s'éloigne. Catherine commence à délirer. Ils font l'amour. Zola évoque une "nuit de noces" tragique. "Rien n'est jamais fini, il suffit d'un peu de bonheur pour que tout recommence."

Catherine meurt. Etienne finit par être secouru. Il tombe dans les bras de Négrel ! Scènes de désolation au dehors au moment où les corps sont sortis. La Maheude pleure puis regarde Etienne fixement.

6. Avril. 4h du matin. Etienne marche en direction de Vandame après 6 semaines à l'hôpital de Montsou. La Compagnie a procédé à des renvois successifs et lui propose 100F. Il décline. Il a reçu une lettre de Pluchart qui l'appelle à Paris. Il veut dire adieu aux camarades avant de prendre le train de 8h à Marchiennes. Tout le 240 est à Jean Bart (la Maheude elle-même travaille désormais à la mine - "la résignation de la nécessité du ventre".

"...quand le camarade leur tendit la main, pour leur dire adieu, tous la lui serrèrent fortement, tous mirent dans cette étreinte la rage d'avoir cédé, l'espoir fiévreux de la revanche. La cage était là, ils s'embarquèrent, ils s'abîmèrent, mangés par le gouffre."

Pierron est devenu porion (!). Sa femme tient désormais un estaminet. La Maheude, 40 ans, est manœuvre d'un ventilateur 10h/j pour 30 sous. Elle est descendue aussi pour ne pas être chassée du coron. Jeanlin travaille pour 20 sous. La Maheude n'en veut pas à Etienne : "Non, non, ce n'est pas ta faute, c'est la faute de tout le monde." "Ni Etienne ni elle, ne trouvaient plus une parole. Ils demeuraient face à face, ils avaient le cœur si gros, qu'ils auraient voulu se dire encore quelque chose.

Levaque est en prison, la Levaque est enceinte, probablement de Bouteloup. Philomène est partie avec un mineur du Pas-de-Calais.

En marchant pour s'en aller, Etienne est plein d'ambitions. Il a foi en la révolution des travailleurs contre le darwinisme. Il envisage la voie légale, par l'intermédiaire des syndicats (autorisés par la loi du 21/03/1884). Il pense enfin aux mineurs sous ses pieds dans ce paysage printanier.

Explicit : "Et, sous ses pieds, les coups profonds, les coups obstinés des rivelaines continuaient. Les camarades étaient tous là, il les entendait le suivre à chaque enjambée. N'était-ce pas la Maheude, sous cette pièce de betteraves, l'échine cassée, dont le souffle montait si rauque, accompagné par le ronflement du ventilateur ? A gauche, à droite, plus loin, il croyait en reconnaître d'autres, sous les blés, les haies vives, les jeunes arbres. Maintenant, en plein ciel, le soleil d'avril rayonnait dans sa gloire, échauffant la terre qui enfantait. Du flanc nourricier jaillissait la vie, les bourgeons crevaient en feuilles vertes, les champs tressaillaient de la poussée des herbes. De toutes parts, des graines se gonflaient, s'allongeaient, gerçaient la plaine, travaillées d'un besoin de chaleur et de lumière. Un débordement de sève coulait avec des voix chuchotantes, le bruit des germes s'épandait en un grand baiser. Encore, encore, de plus en plus distinctement, comme s'ils se fussent rapprochés du sol, les camarades tapaient. Aux rayons enflammés de l'astre, par cette matinée de jeunesse, c'était de cette rumeur que la campagne était grosse. Des hommes poussaient, une armée noire, vengeresse, qui germait lentement dans les sillons, grandissant pour les récoltes du siècle futur, et dont la germination allait faire bientôt éclater la terre."

Le pessimisme de l'incipit contraste avec l'optimisme lyrique de la fin du roman. Il évoque ici le recommencement éternel de la Nature.

Ce roman naturaliste est un chef d’œuvre, qui confirme mon goût pour ce genre littéraire et pour Zola en particulier. L'auteur entre d'ailleurs au Panthéon le 6 juin 1908 après une morte suspecte.

Le titre est celui d'un mois du calendrier révolutionnaire (il tire son nom « de la fermentation et du développement de la sève de mars en avril », selon les termes du rapport présenté à la Convention le 3 brumaire an II (24 octobre 1793) par la « commission chargée de la confection du calendrier »). Il peut évoquer le 12 Germinal de l'an III (1er avril 1795) où le peuple avait envahi la Convention en réclamant du pain et la Constitution de 1793, avec dans ses rangs beaucoup de femmes. Nous retrouvons cette conscience ouvrière qui s'éveille et avec elle la germination de la révolte dans le roman.

Zola avait envisagé d'autres titres : Coup de pioche, Le grain qui germe, Moisson rouge, L'orage qui monte, L'assiette au beurre, la misère qui germe, le sang qui germe...).

"Est-ce honnête, à chaque crise, de laisser mourir de faim les travailleurs pour sauver les dividendes des actionnaires ?" (E. Lantier).

GERMINAL (1885) – Emile Zola (2/04/1840-29/09/1902)
GERMINAL (1885) – Emile Zola (2/04/1840-29/09/1902)
GERMINAL (1885) – Emile Zola (2/04/1840-29/09/1902)
GERMINAL (1885) – Emile Zola (2/04/1840-29/09/1902)
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